Chapitre 3

legendemini

Je marche à nouveau au milieu du jardin noyé par la nuit. Il n’y a aucun bruit, aucun mouvement, aucune odeur. Même mes pas ne produisent aucun son. Le calme qui se dégage de ce lieu est impressionnant.

Comme avant, je suis enfermé, condamné à arpenter ce chemin jusqu’à la fin des temps. Pourtant, cette fois-ci, je suis paniqué à l’idée de ne jamais pouvoir m’échapper. Est-ce parce que j’ai goûté à un autre monde en plus du mien ? Je veux partir, en retrouver un, peu importe lequel. Je veux être dans un endroit réel.

Mais, malgré mon envie, je ne peux ni m’arrêter ni sortir de l’allée. Mes pieds avancent obstinément, sans que je le veuille. J’essaie de toutes mes forces de m’enfuir, de reculer et je continue de marcher droit devant moi dans l’obscurité. Elle me dévorera bientôt, j’en ai conscience. Je la sens peser sur moi, gommer les contours de mon esprit, grignoter peu à peu ce qui me reste d’âme. Bientôt, oui, très bientôt ce sera terminé.

Je vole dans le ciel pur, glissant souplement dans les airs. Je décris un tourbillon vif et je danse avec le vent comme avec une jeune fille. Il m’apporte une senteur froide que je reconnais comme celle de la grêle. Je lève mon museau pour mieux le humer.

Sur ma gauche, des nuages s’étirent paresseusement. Je me dirige vers eux et je les survole en filant tout droit, comme une flèche d’ivoire. Ils me revoient mon ombre allongée, longue comme une écharpe de brume. Je la contemple quelque secondes. Elle est si différente de celle des Humains ou des Jyces…

Au-dessus de moi, il n’y a que le ciel bleu, et cela est tout. En-dessous, ce sont les forêts et les vastes steppes dont on ne voit pas le bout, pourtant je les connais dans leurs moindres détails. Le soleil est chaud, beaucoup plus gros que vu du sol. Se trouver si haut est un peu intimidant, mais je ne regrette pas d’être là. Le turquoise et le vert émeraude donnent au monde un air de joyau étincelant et le disque solaire est comme un but à atteindre, un but qui m’est réservé, à moi et à moi seul, car moi seul pourrait y parvenir.

Exalté par la beauté solennelle du lieu, je pousse un long rugissement qui résonne longtemps dans l’air froid, relayé un peu plus loin par les vents. Soudain, j’aperçois une grande montagne escarpée devant moi.

Je lâche un soupir. La promenade est finie, il va falloir reprendre la forme avec laquelle je suis né. À regret, je change de cap en direction d’un à-pic.

Je me suis réveillé en sursaut. Il faisait toujours aussi noir dans la tente mais j’avais l’impression que plusieurs heures s’étaient déjà écoulées. La lumière de la lune permettait néanmoins de distinguer les formes.

Je suis resté un moment allongé sur le dos à revoir les images de mon rêve. Je n’avais aucune idée de ce qui m’avait réveillé mais je trouvais ça dommage. C’était un beau songe, même si le début avait été horrible.

J’ai poussé un soupir avec la sensation de l’avoir réellement fait quelques secondes plus tôt puis je me suis levé, glissant la couverture sur mes épaules. Je ne pouvais pas rester à l’intérieur. Les parois de la tente semblaient se resserrer sur moi comme un vêtement humide. En faisant le moins de bruit possible, je suis sorti. Alcou dormait profondément mais Firuj était rentré et a remué légèrement quand je suis passé à côté de lui.

Le reste de la tente était plongé dans un silence tranquille que seul venait troubler le bruit des respirations. Il y avait à peine assez de lumière pour y voir et les ombres avaient envahi tout l’espace, renforçant le calme qui se dégageait de la petite demeure de toile.

En marchant vers la sortie, j’ai failli bousculer le père d’Alcou. Celui-ci était assis contre une fragile étagère, visiblement endormi. J’ai alors compris qu’il avait décidé de se poster là et de garder l’entrée comme Namn le lui avait conseillé, mais s’était assoupi au fil des heures. Sur le coup, je me suis senti vexé sans savoir pourquoi, puis ai réprimé un sourire d’amusement. Silencieusement, je suis passé devant lui et me suis glissé à l’extérieur. Il n’a même pas bougé.

Le vent vif m’a aussitôt frappé. J’ai reculé d’un pas, surpris par le contraste qu’offrait sa fraîcheur après la chaleur douillette de la tente. Mais après quelques secondes, l’impression de froid s’est atténuée, ne laissant plus que la brise sauvage et la liberté du ciel dégagé. Là-haut, les étoiles et la lune étincelaient comme des diamants. Pour un peu, j’aurais cru pouvoir les toucher de la main.

Je suis resté saisi pendant plusieurs minutes devant ce spectacle. Je n’ai pas compris pourquoi celui-ci me paraissait si beau jusqu’à ce que je m’aperçoive d’un manque parmi mes souvenirs : les images nocturnes y étaient absentes. La vision du jardin plongé dans l’obscurité les remplaçait, ainsi que des crépuscules et des aubes, mais pas de nuit. J’étais pourtant certain d’avoir été éveillé au moins une fois après le coucher du soleil et d’avoir déjà vu ce que je redécouvrais à cet instant, mais cette partie-là de ma mémoire restait manquante, comme si elle n’avait jamais existé.

J’ai laissé retomber le rabat de la tente derrière moi et ai humé l’air avec délice. Il transportait l’odeur poivrée et enivrante que j’avais sentie plus tôt, mais en quelque sorte plus solide, plus capiteuse. La nuit lui donne plus de consistance, ai-je songé en m’en gorgeant. Comment les Jyces peuvent-ils rester enfermés alors qu’elle est si présente ?

Je me suis mis à marcher dans la pénombre. À ce moment, je n’ai même pas songé que je pouvais m’enfuir. Si j’avais fondé ce projet en m’échappant de la tente, je l’avais complètement oublié une fois plongé dans la nuit.

Il régnait un silence absolu dans le Refuge. Pas le moindre insecte ne bourdonnait. C’était étrange car il ne faisait pas très froid, en dépit de l’impression que j’avais eu en sortant. Au cœur de ce silence, les sons produits par le vent paraissaient plus forts. Un hululement résonnait parfois par endroit. Je doutais que les animaux qui les poussaient ressemblent aux chouettes de mon monde.

Je n’avais pas non plus envie de m’éterniser dans le coin, alors j’ai marché en direction de la forêt, où il y aurait moins d’habitations. En chemin, je suis passé devant l’enclos des tangueurs. Ils dormaient, oscillant de droite à gauche sur leur unique pâte, comme s’ils étaient à deux doigts de tomber.

Je me suis détourné et j’ai recommencé à avancer vers la forêt. Les étoiles brillaient d’une lueur coupante. J’ai levé la tête pour les contempler et ai failli me faire prendre.

Un feu brûlait à quelques pas de moi. Je ne l’avais pas vu, pas plus que je n’avais entendu les voix de ceux qui discutaient. Sans réfléchir, je me suis accroupi derrière un pan de toile pour écouter tranquillement.

Sept Jyces étaient assis en cercle resserré autour du foyer et parlaient à voix basse d’un air grave. Parmi eux, j’ai reconnu Yoran, Hytol et Namn. C’était le Chef du Conseil qui avait la parole, et apparemment, il avait des choses à dire.

– Nous devons envoyer d’autres effectifs sur le Front. Ça ne m’amuse pas mais les autres Refuges ont déjà envoyé leurs guerriers, même Uyja. Nos lignes reculent, lentement mais sûrement.

– Je confirme, a déclaré Hytol. Des semaines que ça dure et ils ne donnent toujours aucun signe de faiblesse. Pire, leurs offensives se font chaque jours plus violentes, plus téméraires. Il n’y avait pas eu pareille bataille depuis… oui, au moins depuis Fayaté do Gorren.

La Bataille des mille âmes… a soupiré un Jyce dont les yeux gris cendre reflétaient les flammes. Prions pour qu’on n’en arrive pas là.

Namn s’est agitée.

– On n’est pas là pour pleurer sur une bataille qui a eu lieu il y a quarante ans ! a-t-elle fait. Elle porte certes bien son nom, mais nous avons autre chose à faire pour le moment ! Par exemple – peut-être, hein, je ne sais pas – nous pourrions nous occuper de faire en sorte que celle-ci ne se terminer pas de même, qu’en pensez-vous ?

Je l’ai regardée plus attentivement. En dépit de la pénombre, je pouvais voir que son visage était marqué d’une expression tourmentée. En comparaison, un ouragan aurait paru paisible. Ses mains serraient un fourreau vide qu’elle portait à la taille au point que ses jointures blanchissaient.

Yoran l’a lui aussi contemplée quelques secondes avant de lui demander d’une voix

prudente :

– Tu as quelque chose à nous proposer, Namn ?

La jeune femme a changé de position avec malaise, comme si elle était gênée, puis s’est lancée :

– Les Démons nous attaquent au sud. Les Humains nous harcèlent au nord. Nous ne pouvons pas continuer de nous battre sur deux fronts. Les Hommes sont devenus négligents avec le temps, ils ne se méfient pas de nous. À la prochaine accalmie, envoyons nos troupes dans les villes. Les murailles dont ils sont si fiers sont trouées. Ils nous détestent à tort depuis la Guéreza, depuis l’Alliance. Arrêtons d’espérer qu’ils nous pardonnent une faute que nous n’avons pas commise, donnons leur une raison de nous haïr ! Ainsi…

Elle s’est interrompue une seconde, le regard perdu dans le vide, mais quand elle a repris, je me suis demandé comment j’avais pu croire que son expression était tourmentée avant maintenant.

– Ainsi, nous pourrons détruire les Démons et venger nos morts !

La fin de sa tirade a été accueillie par un silence glacé. Les Jyces ont détourné le regard mais certains ont hoché sombrement la tête sans quitter la femme des yeux. Yoran a poussé un soupir et Hytol a prudemment posé sa main sur l’épaule de la jeune femme.

– Je comprends ce que tu ressens, lui a-t-il dit doucement. Réadol-gän n’était pas seulement ton maître, c’était aussi mon frère et mon ami. La façon dont ils l’ont tué était horrible et cruelle, mais ce n’est pas en te comportant comme eux que tu arrangeras la situation. Ce que nous voulons, c’est débarrasser le monde de ces Démons le plus vite possible et y trouver une place, pas déclencher une autre guerre.

Namn l’a regardé. Je me suis aperçu qu’elle pleurait, de fins ruisseaux de larmes glissant de ses immenses yeux azurs.

– Tu ne sais pas de quoi tu parles ! a-t-elle crié. Tu n’as pas eu à le voir mourir, tu n’as pas eu à le voir lutter alors qu’il savait qu’il avait perdu, tu n’as pas eu à essayer de te libérer pour aller de le sauver !

Se levant avec brusquerie, elle s’est tournée vers les tentes et est partie en courant. J’ai assisté à la scène, pétrifié. Comment une personne comme Namn pouvait-elle pleurer ? Pendant la séance d’entraînement, elle m’avait semblé aussi dure qu’un rocher. Chercher une émotion derrière son agacement avait été comme chercher un brin de paille sous la neige. D’un coup, j’avais l’impression que je ne devais pas rester à écouter comme ça, que c’était mal de voir des gens parler de choses qui les rendaient tristes sans qu’ils s’en aperçoivent. Les Jyces discutaient toujours de ce qu’ils allaient faire comme s’il ne s’était rien passé. J’ai esquissé un mouvement pour partir, moi aussi, quand Yoran a lancé d’une voix détachée :

– Au fait, tant que nous y sommes, que pensez-vous du petit nouveau, Jönla ?

Les Jyces se sont regardés puis l’un d’eux a eu un geste de compréhension.

– Mais oui, a-t-il fait, le jeune qui s’entraînait avec Namn ! Ça m’a l’air d’être un bon gars, docile mais un peu mou, quand même.

Les autres ont eu l’air de se rappeler. Ça aurait peut-être dû me faire plaisir d’être si connu.

– Oh, on ne l’a pas vraiment observé, a dit un Jyce aux yeux dorés. Mais bon, on le remarquait quand-même, avec son pagne. Ils détaillait tout le monde avec curiosité, même les tangueurs. D’où vient-il, déjà ? Du Refuge d’Uyja ?

– Il a dit venir d’une famille Nomade, a grogné Yoran.

– Il en existe encore ? J’avais entendu dire que la dernière avait été exterminée par les Démons il y a…

– Il y a quatre-vingt ans, a confirmé le Chef du Conseil d’un ton brusque. Ce gosse est aussi nomade qu’un troupeau de tangueurs en hiver. Et je mettrais ma main à couper qu’il n’était jamais entré dans un Refuge avant aujourd’hui.

Les autres l’ont contemplé avec des yeux encore plus ronds que d’ordinaire.

– Impossible ! s’est exclamé le Jyce aux yeux de cendre. Namn a raison, entre les Démons et les Hommes, il n’y a pas beaucoup de place pour vivre. Les Nomades en ont d’ailleurs fait les frais. S’il n’a pas vécu dans un Refuge, alors où ?

– Oui, où ? a repris Yoran. Il est jeune et semble incapable de se débrouiller seul. Y a-t-il dans ce monde d’autres personnes de notre peuple dont nous ignorons tout et qui ont trouvé le moyen de survivre ? Ou est-ce autre chose ?

Mince alors ! Il en savait plus long que je ne pensais ! Si ça continuait, il comprendrait vite d’où je venais. Mauvais pour mon projet d’évasion ! À lui seul, il était déjà un obstacle important. Il avait l’air assez fort pour me traîner par la peau du cou s’il me surprenait à tenter de fuir. S’il alertait les autres, la situation deviendrait impossible à gérer ! Je ne pourrais jamais parvenir à m’échapper d’ici et je mourrais à la prochaine bataille !

Me mordant la langue, je me suis traité d’idiot. Il faisait nuit, les seules personnes éveillées étaient assises autour de ce feu et ne quitteraient probablement leur place que pour aller dormir sous leurs tentes. C’était le moment ou jamais ! Je perdais mon temps à les écouter parler d’une guerre qui ne me concernait pas !

Toujours accroupi, je me suis déplacé à reculons vers l’ombre. Soudain, mon pied a écrasé un branche morte. Elle a émis un craquement sec qui a résonné comme un coup de feu dans la nuit. Les Jyces se sont levés, fouillant fébrilement l’obscurité des yeux.

– Qu’est-ce que c’est ?

– Un animal ?

– Qui est là ?

– Alcou, rentre sous ta tente !

– Taisez-vous !

Un silence complet a accueilli l’ordre du Chef du Conseil. Je me suis tapi derrière mon pan de toile, me roulant en boule dans l’espoir d’être moins visible. Si je bougeais, ne serait-ce qu’un peu, ils m’entendraient.

– Il y a quelqu’un qui écoute… a murmuré l’un des Jyces avec une note d’effroi.

– Je vais voir, a déclaré Yoran.

Il s’est levé et s’est approché de moi, l’oreille aux aguets. J’ai étouffé ma respiration et me suis recroquevillé un peu plus sur moi-même. Si j’avais su prier, j’aurais épuisé mon répertoire. Je ne voulais pas qu’il me trouve. Je tremblais tellement que j’ai craint qu’il n’entende mes dents claquer.

Lentement, il est passé à côté de moi. J’ai fermé les yeux. Il m’a dépassé, puis est retourné sur ses pas. Il partait. L’obscurité m’avait dissimulé et il ne m’avait pas vu. Les battements de mon cœur se sont accélérés. Encore quelques mètres et je pourrais m’enfuir. Encore quelques mètres…

Incapable de demeurer immobile plus longtemps, j’ai bondi hors de ma cachette et ai voulu courir loin des Jyces. C’était stupide car j’ai fait un bruit incroyable et tout ceux qui étaient présents m’ont aperçu. La main de Yoran s’est refermée sur ma nuque et il m’a tiré comme un chaton, me soulevant presque du sol.

– Toi ! s’est-il exclamé.

Paniqué, je me suis débattu et suis parvenu à me libérer. Il a tenté de m’attraper mais je me suis précipité dans la nuit, aussi vite que je le pouvais. Derrière moi, j’ai entendu un bruit de course et les cris des Jyces.

– Il a entendu ! Il a entendu ce que nous disions !

Si j’étais plutôt chétif à cette époque, il fallait au moins reconnaître une chose : je courais vite. Sans savoir comment, je suis arrivé à distancer mes poursuivants et à rejoindre l’abri de la forêt. Là, j’ai trouvé une grosse souche derrière laquelle je me suis caché, redoutant qu’ils ne me retrouvent.

Je suis fichu ! ai-je songé avec horreur. J’avais entendu exactement ce qu’il ne fallait pas. Maintenant, si je restais, tous les Jyces voudraient me régler mon compte. Pour eux, j’étais l’espion. Ils ne me laisseraient pas rapporter ces informations à leurs ennemis.

Je me suis pris la tête entre les main et ai éclaté de rire. Bien sûr, c’était un rêve ! Je ne risquais rien. La mort n’existait pas dans les rêves, n’est-ce pas ? Si je fermais les yeux… et que j’attendais… est-ce que cela ne prendrait pas fin ?

Mais que signifiait la fin d’un songe si l’on n’avait plus de réalité vers laquelle revenir ? Cette question m’a transpercé comme un trait brûlant. Je me souvenais de ma mort… si le rêve cessait, est-ce que je mourrais ? J’ai secoué la tête. Je m’embrouillais. Ce n’était pas le moment de réfléchir à des choses comme ça.

Considérons que ce que je vis est la réalité, me suis-je dit. J’ai regardé Niétan, en contrebas. De la fumée s’échappait paresseusement des tentes, dont les occupants dormaient profondément. Mais certains ne se reposaient pas et des cris brefs s’élevaient ici et là. Ils me cherchaient.

Lentement, je me suis levé, épuisé par ma course. Je voulais quitter le Refuge au plus vite, j’en avais maintenant l’occasion.

J’ai attaché la couverture de manière à la transformer en cape et en capuchon serré que j’ai passé sur ma tête. Il pouvait bien y avoir des gardes, des Guetteurs même, et la couleur était suffisamment terne pour servir de camouflage. J’ai fouillé dans mes poches pour voir ce qu’il y avait dedans avant de contempler avec déception mes mains vides. Enfin… j’avais au moins la couverture.

Et maintenant, où allais-je ? Je me suis retourné vers la forêt qui semblait me tendre les bras. Par là, sûrement. On ne pouvais pas vraiment surveiller un espace pareil. Mais le nombre d’obstacles et l’obscurité joueraient aussi contre moi. J’ai avancé d’un ou deux pas hésitants. Comme c’est sombre, là-dessous. Je risque de me perdre et de ne jamais retrouver la sortie. Où est-ce que je vais ? Je n’ai nulle part où aller.

J’ai regardé par dessus mon épaule. Le Refuge de Niétan dormait d’un sommeil paisible auquel il aurait été tentant de se joindre en d’autres circonstances, sauf que cet endroit si tranquille équivalait désormais, pour moi, à un champ de bataille. Peut-être est-ce cela que les Nomades ont fui. La bataille et l’approche d’une mort certaine.

J’ai pris une longue aspiration avant d’avancer d’un pas assuré sous les hauts arbres. Maintenant, je savais où j’allais. Je m’éloignais le plus possible du champ de bataille et je trouvais le moyen de rentrer chez moi. J’étais certain qu’il y en avait un. Oh, par les Dieux de Minuit, s’ils existent, il doit y en avoir un !

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