C’est du Sandman. Du bon de papa Gaiman. Alors lisez-le. C’est tout.
Quoi, vous voulez des explications ? Bon, allons-y.
Commençons par les bases : Sandman est une série Vertigo qui a débuté en 1989 de la main de son créateur Neil Gaiman, qui n’a jamais cessé de s’occuper de son univers. Au fil des numéros, nous suivons les aventures de Rêve (Dream en anglais), Roi du Songe, c’est-à-dire du domaine où naissent et croissent les rêves des hommes. Les aventures en question sont toutes plus fascinantes les unes que les autres, riche de multiples niveaux de sens.
On lit simultanément une histoire de sorcières, un voyage en conte de fée et une quête d’identité et de reconnaissance. En qualité de fil rouge, nous assistons à l’évolution de personnage du Rêve, qui est au début assez froid et hautain, revenant dans son royaume après une période d’exil forcé et s’humanisant peu à peu – ce qui, pour une personnalité antropomorphique, pose pas mal de problèmes comme chacun le sait.
Dans Ouverture, nous assistons aux événements qui ont précédé ces aventures. L’une des itérations du Rêve – il existe de lui autant d’aspects qu’il existe de peuples dans l’univers – vient de mourir brûlé dans l’explosion de ce qui semble être une supernova. Cet incident provoque une réunion exceptionnelle de toutes les personnification du Rêve, qui décident (non sans discussions houleuses, compte tenu de l’ego des différentes parties) de partir à la recherche de la cause de tout ceci : à la Cité des étoiles, où les astres vivent et rêvent.
Vous l’aurez compris, nous ne sommes pas dans un titre terre-à-terre. C’est de plus une véritable cosmogonie qui s’offre à nous : la personnification du Temps, de la Nuit, des soleils, le tout dans un univers sur le point de s’éteindre, enflammé par un vent de destruction qui se propage comme une maladie de système en système. Je n’en dévoile pas plus sur l’histoire elle-même car elle fourmille d’une foule de détails, de personnages, de mystères, d’idées excellentes et bien sûr de mensonges, de trahisons et de drames. Je vous laisse le suspence, mais sachez qu’elle se termine de façon magistrale, en allant à fond et au bout des choses.
Et ne lisez pas seulement, contemplez les dessins. Les derniers numéros de Sandman m’avaient laissée plutôt déçue en matière de performance esthétique, d’abord avec un dessin très souple mais surtout très cartoon, épais, presque caricatural alors que l’histoire était réellement tragique, puis avec un style à l’opposé très sobre et très réaliste, mais que j’ai trouvé assez terne. Ici, c’est tout autre chose : des couleurs chatoyantes, des changements de style toutes les deux pages, des prises de risque artistiques, et même des pages en dyptique qui s’ouvrent (mais vraiment, je veux dire sans s’accrocher ni se froisser ni rien) !!!
Bref, j’aime ce titre et je vous conseille de le lire en physique si vous le trouvez.